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Si l’on essaie de retracer l’aventure de la photographie des dix dernières années, ce n’est pas vers la Russie que notre esprit se tourne en premier. C’est pourtant le thème que le café Renoma, tenu par le célèbre styliste des années yé-yé devenu photographe, a choisi d’aborder. Les œuvres de six artistes et de deux collectifs sont installées sur les murs du chic et branché petit café aux allures de loft new-yorkais.
Si chacun travaille un genre différent, plusieurs points communs cependant se dégagent, le goût de la provocation et un penchant pour l’onirisme, perceptibles de façon plus ou moins évidente selon les œuvres. Collant à l’actualité plus qu’il ne l’aurait jamais souhaité, le groupe AES évoque avec « Islam Project » l’aberrante théorie du clash des civilisations, émise par Samuel Huntington. Le collectif dénonce l’idée et n’hésite pas à donner dans l’extrême, voilant de haut en bas la statue de la Liberté ou transformant le Centre Pompidou en mosquée. Dans un autre registre, les enfants de Sergeï Bratkov dérangent. Leurs attitudes comme leurs vêtements ou leurs regards pris à leurs grands frères et grandes sœurs évoquent irrémédiablement un destin rêvé tout en paillettes qui se poursuivra probablement sur les trottoirs d’une capitale occidentale. Plus loin, Chilikov s’approche de l’univers intemporel du tchèque Jan Saudek. Personnages en mouvement inscrits dans de lourds paysages, ou figures lascives exposées comme des natures mortes, le regard du photographe semble avoir comme souci constant la recherche de la vérité humaine. Les quelques portraits presque nostalgiques d’une Russie que l’on croyait révolue offerts par Mukhin ont un air d’espoir triste. L’ambiguïté qui règne parmi ces œuvres est pesante. La force qu’elles dégagent est évidente mais les contradictions restent indicibles. Les regards passéistes confrontés au désir violent d’avancer vers l’avenir se heurtent à la réalité du changement. Malgré certaines photographies accessibles seulement après avoir enjambé quelques tables, la pause dans ce café-galerie se révèle bien agréable. Une exposition qui offre sans doute une parfaite image de la recherche d’identité à laquelle est confrontée la Russie depuis plusieurs années. Renoma café gallery Du 12/03/2002 au 15/05/2002
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