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Moscou, 1928. Simon est chômeur. Il vit dans un appartement communautaire avec Marie, sa femme et Sérafine, sa belle-mère. A la suite d’une querelle avec sa femme il menace de se suicider. Pris au sérieux par sa famille et son entourage, qui dans un premier temps tente de l’en dissuader, il trouvera dans l’issue fatale la solution à ses problèmes.
Dès lors, il va devenir le symbole de tous les dysfonctionnements du régime. Il doit se suicider pour les intellectuels, les bouchers, les écrivains, les femmes... Et ne peut répondre à toutes les demandes. C’est la reconnaissance, la belle vie mais il faut passer à l’acte. Impossible. Tragi-comédie politique russe (1928) de Nicolaï Erdman (1902 -1970). Ecrivain de l’époque stalinienne, l’un des meilleurs dramaturges soviétiques peu favorable à la critique, à l’indépendance de l’esprit et à la liberté d’expression (l’époque, pas l’auteur !), Erdman eut recours, comme tant d’autres, à la comédie pour servir un propos à la fois humaniste et politique : comment la honte du chômage peut pousser à la tentation du suicide... "Le suicidé" est une expérience utile et intéressante, qui se double d’un grand moment de plaisir, grâce à son écriture légère, pleine d’humour, une carricature d’humanité aux frontières du loufoque et du surréalisme, un faux vaudeville aux accents graves, une pièce à pleurer... de rire. Samoubitsa (Le Suicidé)(2H00) Le Suicidé Simon Podsékalnikov est au chômage. Une nuit, tenaillé par une soudaine envie de saucisson, il réveille sa femme, Marie, déclenchant un échange houleux dans l’appartement communautaire. Puis il disparaît momentanément dans la cuisine. Marie, qui le croit parti, craint un suicide et rameute le ban et l’arrière-ban. Or cette idée de suicide, qui ne l’avait même pas effleuré, voilà que Simon, doucement, l’apprivoise... Le Suicidé est donc une farce aux accents graves, et à bien des égards, d’actualité. Le Suicidé est la seconde et dernière pièce de Nikolaï Erdman, écrite dans les années vingt. Sa critique à peine voilée du système soviétique lui a attiré les foudres de Staline qui l’envoya dans les camps de Sibérie. Le camarade Joseph Staline, dont le sens de l’humour n’aura échappé à personne, après avoir qualifié la pièce de "vide et même nuisible", précisait qu’il n’avait rien contre le "théâtre d’expérimentation et de recherche". Ayant cependant autorisé la production du spectacle, le parti décidait, au lendemain de la "générale" et après 18 mois de répétitions, de censurer définitivement la pièce, en octobre 1932. A son retour de Sibérie, Nikolaï Erdman adopta un profil bas, le système avait eu raison de lui. Raissa. Ah, je vous attrape, camarade Kalabouchkine ! Je vous tiens ! Je ne vous lâcherai pas ! Remboursez moi mes quinze roubles, immédiatement ! Alexandre. Pas devant tout le monde, voyons, Raissa Filipovna. Raissa. Pourquoi vous essayez de noyer le poisson, camarade Kalabouchkine ? Vous m’avez embobinée avec votre Podsékalnikov. Pourquoi vous ai-je donné quinze roubles ? Afin qu’il se suicide pour cette roulure ? Que m’avez-vous promis ? Qu’il le ferait pour moi, et je vois que c’est Cléopâtre Maximovna qui en profite. Victor. Pardon ! Qui est cette Cléopâtre Maximovna ? Vous me l’avez promis à moi, camarade Kalabouchkine. Elpédi. Vous lui avez promis, camarade Kalabouchkine, vraiment ? Alors pourquoi est-ce que moi j’ai versé l’argent ? Alexandre. Et dites-moi, camarades, pourquoi payez-vous quand vous achetez un billet de loterie ? Pour courir votre chance. Pour vous offrir un risque. C’est la même chose avec Podsékalnikov. Le regretté défunt est encore vivant, mais des ultimes déclarations, j’en ai des sacs entiers. Il n’y a pas que vous, d’autres prétendants ont déjà payé. Tenez, regardez mes poches (sort des papiers de ses poches) "je meurs, victime des youpins" "je n’ai plus la force de vivre, à cause de la bassesse du percepteur" "veuillez n’accuser personne de ma mort, excepté notre pouvoir soviétique bien-aimé"... et ainsi de suite. Toutes les ultimes déclarations lui seront soumises. Laquelle va-t-il choisir ? je ne peux pas vous le dire. Aristarque. Je dois vous informer cependant, camarades, qu’il a déjà choisi. il se suicide au bénéfice de l’intelligentsia. Je viens d’avoir avec lui une conversation personnelle. Alexandre. Je considère que ça n’est pas régulier, monsieur Aristarque. Vous deviez agir par mon intermédiaire, comme les autres clients. Aristarque. Trouvez-leur un autre suicidé, à vos clients. Qu’ils patientent ! Alexandre. Vous-même, vous pouviez patienter ! Aristarque. L’intelligentsia n’a plus de force pour attendre. Pougatchov. Et le commerce, croyez-vous qu’il a la force, camarade ? Elpédi. Et notre religion ? Victor. Et l’art ? SAMOUBITSA AU THEATRE à LISIEUX
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