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Ballet ’Giselle’ d’après les maquettes d’Alexandre Benois (version russe de 1924) Première 8 décembre 2006 à 19h30, 9 - 30 décembre 2006 Et alors que le Ballet de l’Opéra de Paris a oublié Giselle depuis longtemps (1868), la petite paysanne va réapparaître en 1910 grâce aux ‘Ballets Russes’ de Serge de Diaghilev, invités au Palais Garnier. Une fois revenue chez elle, Giselle - entretenue par Serge Lifar et ses interprètes (Olga Spessivtseva, Lycette Darsonval, Yvette Chauviré) - ne quittera plus l’affiche !
Ballet en deux actes (1841) - Livret de Théophile Gautier et Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges d’après Heinrich Heine Musique Adolphe Adam
Les Étoiles, les Premiers Danseurs et le Corps de Ballet Le chef-d’oeuvre du ballet romantique Giselle est le rêve d’un poète : avec lui, l’histoire simple d’une jeune paysanne séduite par un grand seigneur - moins méchant homme qu’inconscient - se hausse jusqu’à la tragédie et finit par basculer dans le surnaturel. Se perdant volontairement dans les forêts de l’imaginaire que lui ouvre le récit d’Heinrich Heine (le mythe des fiancées mortes qui reviennent hanter de leurs danses fantastiques la mémoire des vivants), le jeune Théophile Gautier écrit le livret de Giselle, avec la complicité du dramaturge Jules-Henri Vernoy de Saint-Georges, déjà librettiste de deux ballets de Joseph Mazilier La Gipsy (1839) et Le Diable amoureux (1840). Leur projet se nourrit de thèmes dans l’air du temps, comme le retour à la nature (l’intérêt - certes, paternaliste - que la littérature porte aux “modestes paysans”) et le goût pour l’irrationnel (le fantastique gothique de ruines au clair de lune, hantées d’apparitions mystérieuses). C’est à la fois le désir de retrouver la simplicité, l’authenticité d’une vie “innocente” d’avant la perversion engendrée par l’agitation des villes, et l’envie de s’évader d’un monde devenu trop prosaïque et matérialiste : le rêve pour transcender la réalité. La musique est commandée à Adolphe Adam qui s’est illustré dans la composition d’ouvrages lyriques, et travaille depuis peu pour le ballet (il vient d’écrire La Fille du Danube pour Philippe Taglioni, le chorégraphe de La Sylphide). La chorégraphie est confiée à Jean Coralli - maître de ballet en titre à l’Opéra de Paris, où il a déjà créé Le Diable boiteux et La Tarentule -, mais Jules Perrot, par amour pour l’interprète principale, apportera une collaboration plus importante que prévue. Cette réunion de talents fera éclore le chef-d’oeuvre du ballet romantique. « Je ne connais pas d’autre ballet où la danse donne si parfaitement l’illusion d’une narration dramatique. La danse n’y est pas un exercice de virtuosité acrobatique, elle est expressive : l’action se traduit de la sorte uniquement par des moyens dansants et acquiert une force, une intensité d’émotion rarement égalées », écrivait Serge Lifar en 1942. Aujourd’hui, cela est toujours vrai et si Giselle nous touche autant c’est que le mouvement - et jusqu’au moindre geste qui ne se fasse essentiel - y devient langage de l’âme. L’arabesque, figure emblématique de Giselle « L’arabesque symbolise, dans tout le ballet, l’immatériel (physiquement, c’est la position où le point d’appui sur le sol est le moindre) : Giselle paraît être un fantôme aérien, dégagé des lois de la pesanteur et flottant entre les bras du malheureux Albrecht. L’arabesque, sous toutes ses formes, personnifie les wilis, Myrtha l’esquisse dès le début de sa danse, elle constitue la base des pas dansés par les deux wilis solistes, elle est le motif essentiel de la danse du Corps de Ballet (en particulier le merveilleux glissement des wilis, par lignes parallèles, progressant sur arabesque, en se croisant). L’arabesque est la reproduction « statique » de l’envol des wilis, la sissonne fermée entre diagonale et le grand jeté traduisant cet envol « en mouvement ». En effet, Myrtha, les wilis, Giselle, commencent par prendre leur élan (arabesque immobile), puis elles volettent au ras du sol (petits sauts et sissonnes), et enfin s’envolent largement dans les airs (grands jetés). » Serge Lifar, Giselle, apothéose du ballet romantique, 1942 La tradition Le succès remporté par le ballet - créé le 28 juin 1841 à l’Opéra (alors Académie Royale de Musique, située rue Le Peletier) - fit voyager Giselle de Londres à Saint-Pétersbourg où Jules Perrot va l’établir. Marius Petipa, alors maître du Ballet Impérial, la garde précieusement, l’embellit, la rénove au point qu’elle figure au premier rang du répertoire russe. Et alors que le Ballet de l’Opéra de Paris a oublié Giselle depuis longtemps (1868), la petite paysanne va réapparaître en 1910 grâce aux ‘Ballets Russes’ de Serge de Diaghilev, invités au Palais Garnier. Une fois revenue chez elle, Giselle - entretenue par Serge Lifar et ses interprètes (Olga Spessivtseva, Lycette Darsonval, Yvette Chauviré) - ne quittera plus l’affiche : se succéderont les versions d’Alicia Alonso (1972), de Mary Speaking (1985) et une nouvelle production réglée par Patrice Bart et Eugène Polyakov en 1991, dans les décors d’inspiration bretonne de Loïc Le Groumellec. L’adaptation Pour cette version, Patrice Bart et Eugène Polyakov ont adapté les chorégraphies originales (de Jean Coralli, Jules Perrot et Marius Petipa) et réuni les traditions anglaise et russe de Giselle (Patrice Bart est un héritier de Mary Speaking et Eugène Polyakov, un ancien élève du Théâtre Bolchoï). En 1998, le Ballet de l’Opéra reprend cette même chorégraphie dans une nouvelle présentation : décors et costumes ont été reconstitués - par Silvano Mattei et Claudie Gastine - d’après les maquettes d’Alexandre Benois (version de 1924)*. Opéra de Garnier Première 8 décembre 2006 à 19h30 Dans la même rubrique :
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