|
’Le Grand Inquisiteur’ de Fiodor Dostoïevski A l’affiche le 25 septembre 2007 Quand Richard Peduzzi invita Patrice Chéreau à donner, à l’automne 2005, une courte série de lectures à la villa Médicis, celui-ci choisit de revenir à Dostoïevski (dont il avait fait entendre à l’Odéon Les Carnets du Sous-sol) et de saisir cette occasion pour redécouvrir de près ce qu’il qualifie lui-même de "texte essentiel, posant brutalement la question du besoin de religion".
DUREE : 1h20 Lecture par Patrice Chéreau d’un extrait de Les Frères Karamazov de Fiodor Dostoïevski. Quand Richard Peduzzi invita Patrice Chéreau à donner, à l’automne 2005, une courte série de lectures à la villa Médicis, celui-ci choisit de revenir à Dostoïevski (dont il avait fait entendre à l’Odéon Les Carnets du Sous-sol) et de saisir cette occasion pour redécouvrir de près ce qu’il qualifie lui-même de "texte essentiel, posant brutalement la question du besoin de religion". À quatre reprises, il interpréta donc à Rome, dans une traduction d’André Markowicz, un extrait des Frères Karamazov centré autour de la fameuse diatribe du Grand Inquisiteur, l’une des accusations les plus froidement éloquentes qu’un croyant ait porté contre le Christ, et dont la charge de provocation reste quasiment intacte après plus d’un siècle. L’une des lectures fut suivie d’un débat du metteur en scène avec un cardinal, théologien au Vatican, selon qui le texte de Dostoïevski devait avant tout être interprété comme le règlement de compte d’un chrétien orthodoxe avec l’Église catholique. Mais Chéreau eut beau jeu de faire observer que le passage dont il avait donné lecture ne se réduisait justement pas à la diatribe de l’Inquisiteur, et qu’il avait pris grand soin de le faire précéder de son introduction. Dans celle-ci, Ivan Karamazov expose à son frère son incompréhension et son refus absolu devant ce qui est à ses yeux le mystère le plus insondable - la souffrance des innocents, et celle des enfants en particulier. Comment un père peut-il jouir de fouetter sa petite fille - mais surtout comment peut-il ensuite être acquitté ? Comment un général peut-il faire déchirer un petit garçon par ses chiens de chasse - mais surtout, comment peut-il après cela échapper à la peine de mort ? À quoi d’ailleurs cette mort servirait-elle, puisque le mal est fait ? Et même si victimes et bourreaux devaient se réconcilier dans l’harmonie universelle au jour du Jugement, en quoi cela rachèterait-il les larmes qui ont coulé ? Selon Chéreau, les accusations implacables du Grand Inquisiteur ne prennent tout leur sens qu’à la lumière de ce préambule. C’est moins, en somme, du Christ qu’il est question que d’une certaine vision de l’humanité, vision noire, vertigineuse, vigoureusement défendue par un être d’autant plus maléfique que sa redoutable intelligence s’est rangée aux côtés du Malin. Pourquoi le Christ a-t-il méconnu le besoin qu’a l’humanité d’être soumise à une autorité qui la rassure et la contraigne à l’adoration en la délivrant de l’affreux vertige d’avoir à se poser des questions ? Si vraiment il voulait notre bonheur, n’aurait-il pas mieux fait de succomber lorsque Satan le soumit à une triple tentation dans la solitude du désert ? Pourquoi a-t-il laissé une œuvre si imparfaite que l’Inquisiteur a dû s’allier au Tentateur pour la corriger, afin d’aider les hommes à se décharger de l’horrible fardeau qu’est leur liberté ? ... Et que diable le Christ pourrait-il bien répondre à tout cela ? Théâtre de Sartrouville L’espace Gérard Philippe se trouve rue Louise Michel (5mn à pied de la gare). Bus (depuis la Défense) : 272 arrêt Sartrouville-Clémenceau. Le Théâtre est à 100 m.
Dans la même rubrique :
Articles récents :
|
Gagnez des INVITATIONS avec Art-Russe.com !
|