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14e Festival international du film asiatique : Rétrospective de films tadjiks Du 29 janvier au 5 février 2008 Le cinéma trouve sa place dans le Tadjikistan soviétique avec la création en 1930 de Tadjikkino, d’abord simple trust de production et distribution qui devient en 1932 un studio de cinéma.
Regard sur le cinéma tadjik Le cinéma trouve sa place dans le Tadjikistan soviétique avec la création en 1930 de Tadjikkino, d’abord simple trust de production et distribution qui devient en 1932 un studio de cinéma. Comme dans la plupart des républiques d’Asie centrale, ce sont d’abord les cadres russes qui assurent la production. De grands cinéastes tels que Lev Koulechov viennent également partager leur expérience. Mais dès 1934, des réalisateurs nationaux vont apparaître dans le paysage cinématographique. Cependant, la période dite “de peu de films” qui frappe l’ensemble de l’Union soviétique sous Staline se révèle particulièrement dévastatrice pour le Tadjikistan : de 1940 à 1955 seuls deux films de fiction produits ! La survie du cinéma tadjik vient tout d’abord du documentaire qui tient toujours une place importante dans la vie cinématographique de la république. Ainsi, c’est par le documentaire que Boris Kimiagarov arrive au cinéma avec son célèbre film Tadjikistan (1946), avant de devenir l’auteur de grandes fresques inspirées de poèmes et de légendes nationaux, tels que Roustam et Soukhrab (1971). Dans les années soixante, alors que le dégel permet l’arrivée de nouveaux talents dans toutes les républiques soviétiques, l’évolution du style cinématographique est également due aux jeunes diplômés du VGIK qui partent réaliser leurs premiers films dans des républiques lointaines. C’est ainsi que voit le jour un film étonnant du cinéaste russe Vladimir Motyl, Les enfants du Pamir (1963), qui sera par la suite une référence esthétique pour beaucoup de cinéastes tadjiks. Dans les années 80, la production s’est stabilisée avec 3 films de fictions et 3-4 fictions télévisuelles produits annuellement. Durant cette période de stagnation politique deux axes esthétiques sont explorés par les cinéastes tadjiks : alors que certains revisitent le cinéma de genre et reviennent aux sources du romantisme révolutionnaire, comme dans L’otage de Younous Youssoupov (1983), d’autres préfèrent au contraire réduire leur champ d’observation pour regarder au plus près l’âme humaine et faire la part entre la pression idéologique et celle des traditions dans la vie des Tadjiks, comme le fait avec acuité Valeri Akhadov dans Secrets de famille (1983). La perestroïka semble d’abord sonner l’heure au Tadjikistan, comme dans toute l’Asie centrale, d’un renouveau cinématographique puissant avec des films tels que Bratan de Bakhtiar Khoudoinazarov (1990) qui obtient 9 prix dans les festivals internationaux et une reconnaissance mondiale. Mais les tragiques événements de février 1990 mettront fin à ce rêve : les conflits puis la guerre civile mettent à mal toute l’industrie du cinéma. Au début des années 2000, avec le retour de la stabilité, Tadjikfilm parvient à rénover son équipement et rattrape le départ massif des talents en servant de base technique pour accueillir le tournage des cinéastes tadjiks résidant à l’étranger. Parmi ces auteurs, fidèles à leur pays, on compte Khoudoinazarov mais aussi Djamched Usmonov avec, entre autres, L’ange de l’épaule droite (2002). D’autres cinéastes tentent à leur échelle de faire exister un cinéma national produit et réalisé sur place, malgré le peu de moyens. C’est ce que fait Safarbek Soliev, membre du jury international cette année à Vesoul, dont nous verrons une fiction, Le calendrier de l’attente (2006), un court métrage, L’alliance (2002) et deux documentaires : Achaglon (1988) et Nissour (2007) Regard sur le cinéma du Tadjikistan : Programme :
1963 : Les enfants du Pamir de Vladimir Motyl - Inédit En ce hameau lointain de la chaîne du Pamir le “toît du monde”, le pouvoir des soviets n’a été instauré qu’en 1923. Chaque habitant conçoit à sa manière ce pouvoir. Pour les enfants, il s’est matérialisé en l’école, la première que l’on ait ouverte en ces lieux, et en la personne du jeune instituteur. Celui-ci les initie à une vie nouvelle, un monde merveilleux qu’ils ignoraient jusqu’à présent, monde du savoir, de l’honnêteté, de la justice... Ce film adapté d’un poème de M. Mirchakar Lénine au Pamir, mêle avec beaucoup d’originalité le muet et le sonore. Des dessins à la craie, des séquences d’animation, le jeu des jeunes enfants, la musique de Khatchaturian, tout contribue à faire de ce film, qui offre une image de la révolution au Tadjikistan, un des films marquants de cette période du cinéma tadjik. 1er février à 16h - Majestic 4
Réal. Vladimir Motyl
Vladimir Motyl est né en 1927 à Lepel en Bielorussie. Après des études à l’Institut du théâtre de Sverdlov, il obtient son diplôme d’acteur en 1948. D’abord metteur en scène et acteur de théâtre, il devient en 1955 réalisateur de cinéma. Filmographie : 1963 : Les enfants du Pamir
1972 : Roustam et Soukhrab de Boris Kimiagarov - Inédit Réal. Boris Kimiagarov
La fumée noire de feux de signaux annonce les envahisseurs qui font irruption dans les steppes de l’Iran. Le jeune Soukhrab est à la tête de l’armée ; c’est à lui que le Chah de Touran fait l’honneur de combattre contre Roustam, le premier guerrier de l’Iran, dont les exploits sont chantés par des légendes. Mais le jeune homme ne sait pas que c’est contre son père qu’il va se battre. Sa mère, la princesse Takhmina, ayant juré de garder le secret de la naissance de Soukhrab. Une vallée sauvage, des montagnes, c’est ici que la rencontre des deux guerriers va avoir lieu. Personne ne peut empêcher ce combat ... Ce film en cinémascope, est la transposition d’un poème extrait de l’oeuvre épique Chahname de Ferdousi qui conte les luttes incessantes entre Perses et Tourans aux 8ème et 9ème siècles. Boris Kimiagarov est né à Samarcande en 1920. Après avoir enseigné le tadjik à Douchanbé, il suit des études de cinéma au VGIK de Moscou avec Eisenstein. Il réalise des documentaires, avant de faire son premier long métrage de fiction en 1956, Dokhounda. Il tourne ensuite quatre films consacrés à l’oeuvre épique de Ferdousi, Chahname, dont Roustam et Soukhrab. De 1958 à 1975, ce réalisateur, également scénariste, est le Premier secrétaire de l’Union des cinéastes tadjiks. En tout, il réalise pas moins de 18 films, dont le dernier, Un homme change de peau, en 1978. Il décède en 1979. Filmographie sélective :
1983 : Secrets de famille de Valeri Akhadov - Inédit Réal. Valeri Akhadov
Ibraguimov (ou Sultankhodja) ne conçoit pas d’autre vie familiale que celle du clan traditionnel où tous doivent lui obéir. Il est respecté dans toute la région et personne n’a jamais contesté une de ses décisions. Il pense qu’il est le seul à détenir la vérité. Il est très proche de son petit fils. Mais les jeunes n’entendent plus se plier à ses règles et les conflits éclatent. C’est en premier son gendre Rassoul qui quitte la demeure de son beau père et retourne s’installer chez sa mère. Ibraguimov a élevé sa nièce Zarnigor, fille de sa soeur. Il veut lui trouver un bon parti. Daler, le frère de Rassoul, est amoureux de la jeune fille. Elle aussi est éprise du jeune homme mais n’ose, pas plus que sa mère, s’opposer aux volontés du patriarche. Elle finira par refuser ce mariage arrangé. Tout s’écroule autour d’Ibraguimov, sa maison est vide et même son petit fils adoré ne le suit plus. Valeri Akhadov montre avec justesse les sentiments cachés des uns, leurs espoirs secrets et la rigidité, l’autoritarisme du principal protagoniste interprété magistralement par Ato Moukhamedjanov. Valeri Akhadov est né en 1945 à Samarkande. Après des études de philosophie à Moscou, il suit les cours du VGIK. Il réalise plusieurs documentaires. En 1990, il devient metteur en scène de théâtre et organise plusieurs festivals de théâtre et de cinéma. Filmographie :
1983 : L’otage de Younous Youssoupov - Inédit Réal. Younous Youssoupov
Dans les années 20. Une virulente épidémie sévit dans les montagnes du Pamir. Une caravane est envoyée avec des vaccins, suivie par un gang de “basmatchis” qui prennent le chef de l’expédition en otage. La seule chose qu’ils ignoraient c’est que le chef avait un sosie ... En pleine période de stagnation, Younous Youssoupov revisite le genre du eastern et repense la manière de représenter l’héroïsme et le danger à l’écran. Younous Youssoupov est né en 1949 au village de Guissar au Tadjikistan. En 1969, il est dipômé de l’Institut polytechnique de Douchanbe. En 1975, il termine le VGIK en tant que comédien dans l’atelier de Serguei Bondarchouk, puis en 1977 en tant que réalisateur dans l’atelier de Gueorgi Danelia. Filmographie : En tant qu’acteur :
En tant que réalisateur :
1995 : Bratan de Bakhtiar Khudoynazarov Réal. Bakhtiar Khudoynazarov
Deux frères, Farah, 17 ans et P’tit gros, 7 ans, habitent une petite ville tadjik où ils sont élevés par leur grand-mère depuis la séparation de leurs parents. Ils décident de rejoindre leur père, médecin dans un sanatorium d’une ville éloignée. Pour ce faire, ils empruntent un étonnant petit train qui traverse le Tadjikistan à travers collines et montagnes, villes et bourgades, jusqu’à la frontière de l’Afghanistan. Après un voyage riche en aventures, ils retrouvent enfin leur père... Bratan est le premier film de B. Khudoynazarov âgé de 25 ans au moment du tournage. Il possède déjà les qualités de beaucoup de grands films : le sens de l’espace, l’art de révéler les personnages, le découpage de l’intrigue, la photographie noir et blanc impeccable ... Aucun des acteurs n’est professionnel, les dialogues sont empruntés à la vie quotidienne. Bakhtiar Khudoynazarov est né à Douchanbe en 1965. Assistant réalisateur de Konstantin Arazaliev pour des séries télévisées en Asie centrale, il entre au VGIK en 1984 et y réalise de nombreux courts métrages. Bratan a été présenté au 1er FICA en 1995 et Luna Papa était en compétition en 2000. Filmographie :
2002 : L’ange de l’épaule droite de Jamshed Usmonov Réal. Jamshed Usmonov
Après dix ans d’absence, Hamro, petit malfrat, rentre dans son village de Asht pour veiller Halima, sa mère mourante. Mais en réalité, Halima est tout à fait vivante. Cette ruse n’avait pour but que de faire revenir Hamro qui doit de l’argent à tout le village et l’obliger à régler ses dettes. Menacé, aux abois, seul un miracle pourrait le sauver. Sa mère, peu bavarde mais toujours à l’écoute veut aider son enfant unique. Il rejette cet appui préférant se réfugier dans l’alcool et l’enfermement. Son fils né d’une brève union, et qu’il ne connaissait pas, par sa simple présence va transformer Hamro. L’ange, celui de la légende, qui donne son titre au film, celui posé sur l’épaule droite peut-il enfin consigner ses bonnes actions ? “Je voulais rendre hommage à ce monde en voie de disparition composé de gens naïfs, capables de croire aux miracles et interroger une nouvelle fois les rapports entre le bien et le mal, comme l’indique la fin ambiguë du film” J. Usmonov. Jamshed Usmonov est né en 1965 à Asht au Tadjikistan. Diplômé de l’Université des Arts de Douchanbé, il est dès 1989 scénariste, acteur et réalisateur pour Tadjikfilm. Une guerre civile de sept ans interrompt sa carrière. Il coréalise en 1998 son premier long métrage Le vol de l’abeille qu’il présente en compétition en 1999 au FICA. Il est acteur dans le film La route de Darejan Omirbaev. Filmographie
1988 : Achaglon Réalisation : Safarbek Soliev
L’univers a été créé avec quatre éléments : le Feu, la Terre, l’Eau et l’Air. Tous les quatre sont considérés comme sacrés par les Tadjiks. “Achaglon” parle du rituel tadjik traditionnel lors des périodes de sécheresse. Le film est basé sur 4 vers d’un chant et sur les récits des habitants de différentes régions du Tadjikistan. Un rituel depuis longtemps perdu renaît sous nos yeux… 2002 : L’alliance Mercredi 30 janvier à 16h - Majestic 5 Réalisation : Safarbek Soliev
Sur un marché, un jeune couple qui va se marier cherche à acheter une alliance. Mais ce ne sera pas facile… Un court-métrage de fiction sans parole qui nous plonge dans l’ambiance quotidienne d’un marché tadjik. 2007 : Nissour de Safarbek Soliev - Inédit Réalisation : Safarbek Soliev
Depuis le 19e siècle, le Pamir a sans cesse été l’enjeu des intérêts géo-politiques de grandes puissances. Mais les conditions de vie des habitants n’ont pratiquement pas changé durant toutes ces années Il n’y a, dans le village Nissour ni eau courante, ni électricité, ni gaz. Il y a 20 ans, Safarbek Soliev est venu faire un film dans le village et aujourd’hui il vient pour le montrer aux villageois, dont le quotidien n’a presque pas changé… Le film est, selon les termes du cinéaste, un Dans la même rubrique :
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