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Pièce de Anton Tchekhov ’Sur la grand’route’ aux questions éternelles, bien sûr, mais aussi fortement ancrée dans l’empire russe de la fin du XIXe.
Des hommes et des sentiments Dans l’auberge de Tikhone, le hasard et la violence entretiennent une très forte complicité pour faire régner le malheur. Passent et viennent dans ce lieu des gens en butte aux difficultés les plus extrêmes, des "mouches et des moustiques", selon Tikhone, "des petites gens", qui réveillent la pitié de Bruno Boëglin. Pièce aux questions éternelles, bien sûr, mais aussi fortement ancrée dans l’empire russe de la fin du XIXe : Adaptation : Bruno Boëglin et Dominique Bacle
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En 1885, Tchekhov esquisse Sur la grand’route, en cinq scènes sèches. Elle porte le sous-titre « Étude dramatique en un acte » et ne fut publiée qu’après la mort de l’écrivain, la censure tsariste s’étant opposée à la représentation de cette œuvre jugée sombre et sordide. Tout au long de sa carrière, Tchekhov a eu le goût et le désir d’écrire des farces et des pièces en un acte. On aurait tort de voir dans ces écrits un genre mineur ou un aspect secondaire de son talent. C’est le même goût de la concision dépouillée qui fait de lui un maître de la nouvelle brève. Sur la grand’route se situe au sud de la Russie, dans le cabaret de Tikhone Evstignéev, la nuit. Un comptoir, des rayons garnis de bouteilles, des bancs occupés par des pèlerins, des passants. Faute de place, certains dorment à terre. L’aubergiste se lève de temps en temps pour ranimer une lanterne. Un aristocrate ruiné, Bortzov, raconte ses malheurs et l’affreuse conduite de sa femme. Chacun y va de son histoire. Dormir, boire, parler, voilà la situation centrale. Un vagabond muni d’une hache entre, puis arrive Maria, l’épouse de Bortzov. Altière, elle relève sa robe pour enjamber les corps allongés. Son époux s’écroule à ses pieds en sanglotant. Elle se plaint de l’air suffocant. Dans un soudain éclair de folie, le vagabond lève sa hache. Il la lance en direction de Maria. Il la rate. « Remercie Dieu, ta tête est sauve », conclut l’aubergiste. Au petit matin, tous repartent. Cette pièce courte a le poids de l’énigme. On s’y attache comme quand, dans la vie, on fait halte à la terrasse d’un café ; on écoute et regarde autour de soi, on saisit des fragments d’humanité. De Bruno Boëglin, Georges Lavaudant dit : « Chacun de ses spectacles comporte au moins une séquence qui me laisse pantois, les yeux humides, le corps traversé de frissons. » De retour au TNP après une longue absence, le metteur en scène lyonnais nous offrira avec Sur la grand’route, une fois encore, un théâtre pur et sensible, né du présent des humbles et des oubliés... TNP - THEATRE NATIONAL POPULAIRE Fondé en 1920, à Paris, par Firmin Gémier - qui inventa, déjà en 1911, le Théâtre National Ambulant -, le Théâtre National Populaire a été dirigé de 1951 à 1963 par Jean Vilar qui écrivit, au Palais de Chaillot à Paris, les pages les plus glorieuses et civiques du théâtre public français. En 1963, Jean Vilar décide de se retirer. Georges Wilson lui succède. Il obtient la construction d’une seconde salle mieux adaptée à la création d’auteurs contemporains. La situation du théâtre, en province comme en région parisienne, a bien changé. De nombreuses compagnies théâtrales sont venues se joindre aux Centres dramatiques de la première heure. Le Théâtre de la Cité à Villeurbanne, par exemple, fondé en 1957 par Roger Planchon et son équipe, est parvenu à implanter en région lyonnaise un théâtre de création, permanent. Il a acquis une renommée nationale et internationale. A la fin de mars 1972, Jacques Duhamel, ministre des Affaires culturelles, décide de transférer le Théâtre National Populaire au Théâtre de la Cité à Villeurbanne, qui est ainsi autorisé à porter le sigle créé par Jacno, en 1951. La direction en est confiée à Patrice Chéreau, Robert Gilbert et Roger Planchon. Cette institution quinquagénaire va donc connaître une nouvelle mutation. En 1986, Georges Lavaudant succède à Patrice Chéreau, parti diriger le Théâtre Nanterre-Amandiers en 1982. Roger Planchon partage la direction artistique avec lui jusqu’en 1996, date à laquelle Georges Lavaudant devient directeur de l’Odéon-Théâtre de l’Europe. En janvier 2002, Christian Schiaretti, précédemment directeur de la Comédie de Reims, succède à Roger Planchon à la direction du Théâtre National Populaire. Le financement du TNP est assuré par les subventions du Ministère de la Culture et de la Ville de Villeurbanne, les ventes des spectacles et les recettes des représentations. La mission d’intérêt public du TNP est la production et l’accueil de spectacles d’une haute exigence artistique. Dans un souci de démocratisation culturelle, il s’agit également d’en faciliter l’accès à un vaste public. Depuis 33 ans, avec environ 92 créations, 145 metteurs en scène invités, 382 spectacles accueillis, et des centaines de milliers de spectacteurs le TNP - Villeurbanne a été l’un des principaux carrefours européens de la vitalité théâtrale. Chaque saison, ses spectacles partent en tournée en France et à l’étranger.
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