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Kátia Kabanová, femme écrasée, étouffée, plus lourdement que l’homme, par l’oppression, venue, comme souvent, des opprimés eux-même. C’est un rêve d’autre chose, d’une autre vie, qui meurt, en Russie, en province, vers 1860, dans ce milieu étriqué des marchands tel qu’Ostrovki les représenta.
Destin de femme Leos Janacek (1854-1928) L’histoire simple et émouvante de Katia Kabanova est transposée par le metteur en scène Christoph Marthaler dans l’univers sans pitié et sans intimité des cités-dortoirs. Opéra en langue tchèque, en trois actes (1921) Livret de Vincence Cervinka d’après ’L’Orage’ d’Alexandre Nikolaïevitch Ostrovski Ce sont des femmes qui souffrent : Hedda Gabler, Anna Karénine, Kátia Kabanová. Leur destinée exige tantôt l’art dramatique, tantôt le déploiement romanesque : Ibsen, Tolstoï. Et tantôt il y faut une voix. Celle que Berg donne à Marie dans Wozzeck, Janácek à Jenufa et à Kátia Kabanová. Sur elles, plus durement que sur l’homme, pèse une oppression. Et comme souvent, cette oppression leur vient des opprimés eux-mêmes. Elle les fane, elle les étouffe. Elle pousse les plus douces à la faute ou au crime. Chez elles, la faute ou le crime est toujours un mode d’effacement : un suicide. Les rives de la Volga sont le cadre de cette oppression pour Kátia. Un fleuve : cette eau toujours prête à recevoir les femmes qui pleurent. Elles plongent vers une source originelle. Elles n’ont pas de rancoeur. Qu’est-ce que cela change que cette jeune femme, Kátia Kabanová - qui rêvait « d’autre chose », d’une « autre vie » - vive en Russie, en province, vers 1860, dans ce milieu étriqué des marchands tel qu’Ostrovki les représenta et dont Janácek s’est inspiré ? On croit que cela n’existe plus, ce confinement, la vie de campagne, la vie de province, l’étouffement des horizons bornés. Or, il existe une « architecture contemporaine », le HLM, les cités de banlieue, où vivent par centaines des Kátia Kabanová. L’intimité livrée à la promiscuité, la vie privée à des cloisons de papier. Là, Kátia n’a pas même la ressource de s’imaginer oiseau volant à travers bois. Plus de nature, plus de bois. Environnement durement minéral. Alors, il y a les photos. Des paysages photographiés, fixés aux murs. Kátia les regarde. Les autres les regardent aussi. Leur désir d’évasion est tout entier réduit à ces paysages. OPERA DE PARIS - PALAIS GARNIER Tarifs d’entrée :
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