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La Maison de Balzac présente un ensemble partiellement inédit de gravures et d’essais par Pierre Alechinsky pour l’illustration du Traité des excitants modernes de Balzac. La plupart des œuvres exposées ont été généreusement offertes par l’artiste au musée.
La maison de Balzac Située au cœur de l’ancien village de Passy, cette maison est la seule demeure parisienne de l’écrivain qui subsiste aujourd’hui. Balzac y vécut de 1840 à 1847 et y conçut La Comédie humaine. En ce lieu également il écrivit quelques-uns de ses plus beaux romans tels La Rabouilleuse, Splendeurs et misères des courtisanes ou encore La Cousine Bette et Le Cousin Pons. Le mobilier de l’écrivain ayant été dispersé à la mort de sa veuve, Mme Hanska, le cabinet de travail, seul, a été partiellement reconstitué. Dans les autres salles du musée, des tableaux, des objets personnels de Balzac, des manuscrits, des éditions originales, des estampes et bien d’autres objets rendent compte de la vie et de l’œuvre de l’écrivain, ainsi que de l’époque durant laquelle il vécut. Exposition "Pierre Alechinsky et le Traité des excitants modernes" à la Maison de Balzac Dans le Traité des excitants modernes publié pour la première fois en 1839 en préambule à la célèbre Physiologie du goût de Brillat-Savarin, Balzac décrit les effets de l’alcool, du café, du thé et du tabac (il mentionne aussi le sucre et même le chocolat), poisons dont les excès " produisent des désordres graves, et conduisent à une mort précoce ". Sept années auparavant, dans le Voyage de Paris à Java, le romancier dénombrait quatre " stimulants ", l’opium, le vin, le thé et le café et semblait apprécier ces drogues inspiratrices. Ayant approfondi sa réflexion et assimilé les théories des hygiénistes, il constate que l’usage abusif de ces poisons, qu’il qualifie désormais " d’excitants ", provoque des ravages sur les populations : les éligibles comme les prolétaires, en buvant ou fumant, " adultèrent la race, abâtardissent la génération, d’où la ruine des pays ". Ou, parlant de l’alcoolisme : " de ces comptoirs procèdent ces êtres chétifs qui composent la population ouvrière. La plupart des filles de Paris sont décimées par l’abus des liqueurs fortes ". Mais la condamnation de l’eau-de-vie est suivie d’une description séduisante des hallucinations de l’ivresse " Je trouvais un vague étonnant dans la nature. Les marches de l’escalier des Bouffons me parurent encore plus molles que les autres... Les phrases musicales me parvenaient à travers des nuages brillants, dépouillées de tout ce que les hommes mettent d’imparfait dans leurs œuvres ". Balzac revient ensuite aux malformations congénitales engendrées par les " alcoolâtres " ! Mélangeant remarques graves et observations légères, Balzac occupe ainsi une position ambiguë sur ces plaisirs artificiels. De même, la vigueur avec laquelle il condamne le café n’a d’égale que sa constance à abuser de ce breuvage, aiguillon devenu indispensable pour gravir les pentes les plus ardues de la création littéraire. Balzac a pourtant compris que l’excès des boissons inspiratrices conduisait à l’impuissance intellectuelle, ainsi qu’à la douleur - je suis livré à d’atroces souffrances nerveuses, écrit-il en 1842. Il sait aussi que l’amateur des plaisirs répétés est ensuite obligé, sous peine d’une destruction irrémédiable, à " détendre la harpe, et [à] rentrer dans la vie flâneuse, voyageuse, niaise et cryptogamique des bourgeois retirés. " Le maintien de l’esprit dans les hautes sphères de la création est-il compatible avec l’abus des excitants, rapidement nécessaire mais qui engourdit infailliblement l’énergie et conduit à un sevrage proche de l’atonie ? Le traité des excitants modernes dépasse donc largement le problème de la drogue et procède d’une longue méditation sur les rapports de l’énergie vitale, de la pensée visionnaire et de l’art. Or personne n’avait illustré cet ouvrage avant Pierre Alechinsky, l’un des rares artistes à avoir osé aborder La Comédie humaine depuis Picasso. S’intéressant à la typographie et au graphisme, il ne pouvait rester insensible à la réflexion sur la création d’un écrivain qui, avant de devenir romancier, fut imprimeur et fondeur de caractère, et qui a accordé au travail sur épreuves une importance dont on ne retrouve aucun équivalent. Après quelques hésitations, Alechinsky a choisi de travailler en taille directe sur linoléum (amalgame d’huile de lin et de sciure), procédé certes difficile mais, comme il l’écrit lui-même ; " la qualité d’une œuvre, d’un objet, son intensité, sa rigueur découle aussi de techniques crues d’abord insupportables. " On notera que ces propos rejoignent - mais est-ce vraiment le hasard ? - ceux d’un proche ami de Balzac, Théophile Gautier : " Oui, l’oeuvre sort plus belle D’une forme au travail Rebelle, Vers, marbre, onyx, émail. " Confronté à l’écriture de Balzac, Pierre Alechinsky s’est longuement interrogé sur le rôle de l’illustration et sur son articulation au texte. " De mon côté, je m’astreins à une technique réputée pauvre : lentement, dégager au couteau et à la gouge les lignes de dessins venus à la vitesse du pinceau, dessins obligatoirement oublieux d’inégalables descriptions, affirmations, tournures. Imager n’est pas concurrencer. " Pour les hors-texte, Pierre Alechinsky a choisi la gravure à l’eau-forte " Image par image descend un rideau espéré moderne d’excitants, fait d’effluves, de brumes et de néant blanc... " Le Traité des excitants modernes, enrichi des gravures d’Alechinsky, a été publié par Yves Rivière en 1989, accompagné d’une postface de Michel Butor : " Scènes de la vie excitante ". Maison de Balzac Pierre Alechinsky - biographie 1927 Naissance de Pierre Alechinsky à Bruxelles. 1944 Suit les cours de l’Ecolenationale supérieure d’Architecture et des Arts décoratifs de La Cambre, Bruxelles, Belgique, où il apprend l’illustration, les techniques de l’imprimerie et la photographie. 1945 Découvre l’oeuvre de Michaux, de Dubuffet et des surréalistes. Début de son amitié avec le critique d’art Jacques Putman qui consacrera de nombreux écrits à son oeuvre. 1947 Entre au groupe jeune Peinture Belge. 1949 Fait la connaissance du poète Christian Dotremont qui a fondé, avec Karel Appel et Asger Jorn, le mouvement Cobra auquel il adhère. Participe à la première Exposition internationale Cobra au Stedjelijk Museum d’Amsterdam. Contribue beaucoup à la réalisation de la revue. 1951 Organise la Deuxième exposition internationale d’art expèrimental Cobra au palais des Beaux-Arts de Liège. Après la dissolution du groupe, s’installe à Paris où il étudie la gravure avec Stanley William Hayter à l’Atelier 17. 1952 Se lie d’amitié avec Giacometti, Bram van Velde, Brauner. Entre en correspondance avec le calligraphe Shiryu Morita de Kyoto. 1954 Fait la connaissance du peintre chinois Wallace Ting qui jouera un grand rôle dans le développement de son oeuvre. Première exposition personnelle à Paris, à la galerie Nina Dausset. 1955 Séjour au Japon et réalisation de son film Calligraphie japonaise. Aléchinsky, première grande exposition au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles. 1958 Aléchinsky : encres , Institute of Contemporary Arts, Londres, Angleterre. 1959 Exposition personnelle à la Kunsthalle de Berne, Berne, Suisse 1958- 1970 Membre du Comité directeur du Salon de Mai, Paris, France. 1960 XXXe Biennale de venise, Pavillon belge. Se met à collecter des papiers anciens. 1961 Premier voyage aux États-Unis pour participer au Pittsburgh International Show. Expose au Stedelijk Museum d’Amsterdam et au Kuntskring de Rotterdam des encres et des peintures. 1962 Commence à exposer régulièrement à la Lefebre Gallery, New York et à la galerie de France, Paris. Réalise des "dessins-mots", avec Christian Dotremont dont il restera toujours très proche. 1963 Installe son atelier à Bougival, aux environs de Paris. Jorn acquiert, par échange,un choix de peintures, d’estampes et de dessins pour le Kuntsmuseum de Silkeborg (Danemark). André Breton visite son atelier. Expose au Stedelijk van Abbe Museum, Eindhoven, Hollande Expose à la VII Biennale de Sao Paulo, Brèsil. Forme le projet, qu’il réalisera quelques années plus tard, d’ouvrir le "Bureau des titres" avec ses amis peintres et écrivains. 1965 S’initie à la peinture acrylique avec Wallace Ting à New York. Peint sa première peinture acrylique à "remarques marginales" : Central Park. Apprend à maroufler lui-même les papiers. Invité par André Breton à Saint-Cirq-la-Popie (Lot). Participe avec Central Park à la dernière grande exposition surréaliste : L’Ecart Absolu à la galerie de I’OEil à Paris. Expose des encres et des peintures provenant de collections américaines à l’Arts Club de Chicago. 1966 Publie Idéotraces chez Denoël, un de ses premiers textes importants sur la peinture, écrit en 1953 (85 dessins de 1960 à 1964). Exposition personnelle au Stedelijk Museum, Amsterdam, Hollande 1967 Installe un atelier de gravure à Bougival. Ses dessins et estampes autour de Gilles de Binche sont exposés à la galerie La Balance à Bruxelles. Le catalogue est préfacé par Pol Bury. Wash drawings by Pierre Alechinsky , Museum of Fine Arts, Houston, U.S.A. 1968 Commence la série des dessins Sources d’information ainsi que celle des Astres et désastres . Travaille aussi sur les tapuscrits de Michel Butor. 1969 Dessine dans l’atelier d’André Breton. Pierre Aléchnsky, rétrospective au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, reprise au Louisiana Museum of Art, Humlebaek, Danemark, au Kuntsverein de Dusseldorf et à la Kunsthalle de Brême, Allemagne. 1970 Dessins et gravures de Pierre Aléchinsky , Israel Museum, Jérusalem, Israel Série des "Volcans". Travaille sur "Hoirie-Voirie", avec Michel Butor. 1972 Reprèsente, avec Dotremont la Belgique à la XXXVIeme Biennale de Venise, Pavillon belge. 1973 Aléchinsky : cent vingt dessins, donation de l’artiste , Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles. 1974 Alechinsky , Nordjyllands Kunstmuseum, Aalborg, Danemark, et au Musée Boymans- van Beuningen, Rotterdam Voyage en Laponie. 1975 Aléchinsky , Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, France at au Kunsthaus de Zurich, Suisse Visite les chutes du Niagara et réalise de nombreux dessins sur le thème de l’eau. 1976 Reçoit le Prix Andrew Mellon pour l’ensemble de son oeuvre. Début de la série de la Suite des Bouches-du-Rhône sur papier de Taiwan. 1977 Commence la série des dessins et aquarelles sur les papiers anciens de la Maison d’Arenberg pour lesquels il effectue de véritables recherches d’archive. Rétrospective 1946-1977 au Museum of Art, Carnegie Institute, Pittsburgh. 1978 Exposition personnelle à l’Art Gallery of Ontario, Canada et au Dordrechts Museum, Hollande. Dessins d’Aléchinsky, Musée national d’Art moderne, Centre Georges Pompidou, Paris, France. Entre à la Galerie Maeght, Paris. 1979 Expose avec Appel au Musée d’Ixelles, Belgique et, avec Reinhoud, à la Chapelle de la Charité, Arles, France. 1980 Pierre Alechinsky : Dibujos, tintas y acuarelas , Museo de Arte moderno, Mexico, Mexique Premières encres sur des cartes de géographie. 1981 Exposition personnelle au Musée des Beaux-Arts de Montréal, Canada. Rétrospective d’estampes 1946-1980 au Museum of Modern Art, New York, U.S.A 1982 Expose avec Appel à la fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, France Organise la première rétrospective, Dotremont, peintre de l’écriture, au Centre Wallonie-Bruxelles à Paris, France 1983 Premiers dessins avec estampages de pièces de mobilier urbain. Réalise aussi des encres sur les "Arrondissements de Paris", avec des textes de Gilbert Lascault. Expose au Museo Espanol de Arte Contemporaneo, Madrid, Espagne. 1983-1987 Professeur de peinture à l’Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts, Paris, France. 1984 Aléchinsky : encres et peintures 1981-1984, Renault Art et Industrie à l’abbaye de Sénanques à Gordes, France. Dessins sur des pages débrochées d’atlas. 1985 Aléchinsky : encres et peinture à bordures , Musée d’Art et d’Histoire, Metz, France. Décore les murs et le plafond du Salon d’attente du Ministère de la Culture, Paris, France. 1987 Pierre Alechinsky : Margin and Center, Solomon R. Guggenheim Museum, New York U.S.A.. L’exposition Margin and Center est reprise sous des formes différentes à l’ Art Center, Des Moines, Iowa, U.S.A., au Kuntsverein de Hanovre, Allemagne, et au Musée royal d’Art Moderne, Bruxelles, Belgique. 1988 Aléchinsky : work on paper, The Open Museum, Industrial Park Tefen, Israel, et Aléchinsky, à l’imprimerie., Ecole des Beaux -Arts, Pekin, Chine. Installe un atelier en Provence. Commence la série des dessins Flora Danica . 1989 Expose à la Maison de Balzac, Paris, France ; au Centre culturel de l’Ambassade de France à Tunis, Tunisie et au Museo de Bellas Artes, Caracas, Venezuela. Rèalise une peinture monumentale avec estampage de "pièces du mobilier urbain", dans les nouveaux batiments du Ministère des Finances, Paris, France. 1990 Exposition Aléchinsky sur Rhône au Musée Réattu, Arles et Pierre Aléchinsky : peintures et livres au Musée Bibliothèque Pierre-André Benoit, Alés, France. 1992 Travaille sur le thème de l’arbre. Parution de Lettre suit chez Gallimard, Paris Aléchinsky au Musée de la Marine , Musée de la Marine, Palais de Chaillot, Paris, France Pierre Alechinsky : Graphics Retrospective , Fine Arts Museum, Tapei, Taiwan Aléchinsky réalise pour la Poste française un timbre qui commémore le 200e anniversaire de la proclamation de la République. 1993 Pierre Aléchinsky :Zwischen den Zeilen, retrospective au Saarland Museum, Sarrebruck, Allemagne 1994 Présentation de la donation de 80 dessins à la Fondation Henie-Onstad, Hovikodden, Norvége. Aléchinsky est fait Docteur Honoris Causa de l’Université libre de Bruxelles. 1995 La poste belge met en vente un timbre réalisé par Aléchinsky 1996 Exposition personnelle au centre culturel Sa Nostra, Palma de Majorque, Espagne. Alechinsky : Labor de imprenta de cinco decadas, Museo de Arte Contemporaneo y instituto de Artes Graficas, Oaxaca, Mexique. Troisième donation de l’artiste au Cabinet d’art graphique du Centre Georges Pompidou, Paris, France 1997 Parution de Remarques marginales, dits et inédits, Gallimard, Paris 1998 Aléchinsky réalise pour l’entrée du nouveau Théatre de Belgique à Bruxelles un mural en lave émaillée. Pierre Aléchinsky : Pensées de pinceau, Silkeborg Kunstmuseum, Silkeborg Alechinsky, rétrospective, Galerie nationale du Jeu de Paume, Paris, France. Quelques couleurs, Galerie Sonia Zannettacci, Genève. Suisse.
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