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Théâtre
Les cercueils de zinc
Du 27 février au 29 mars
2003
mardi au samedi à 21h, dimanche à 16h30. relâche lundi
de Svetlana Alexievitch
texte français Wladimir Berelowitch
adaptation Jacques Nichet et Célie Pauthe
mise en scène Jacques Nichet
avec Christine Brucher · Océane Mozas · Stéphanie
Schwartzbrod
Chaque jour, les appareils de télévision déversent les mêmes images de
soldats, de chars, de ruines, de cadavres, de larmes. Une guerre chasse
l’autre mais c’est toujours la même ration des mêmes clichés. Seul le décor
change, un peu. La guerre ne nous dit plus rien, si ce n’est qu’elle est la
guerre.
Un livre me parle de ce malheur, vraiment : un recueil de témoignages de Russes
au moment où ils envahissaient l’Afghanistan entre 1979 et 1989. Les
Cercueils de zinc de Svetlana Alexievitch, une oeuvre qui me bouleverse. Voici
une guerre vraiment “perdue”. Elle n’a rien rapporté que des souffrances
et de la honte. Elle est refoulée, oubliée, chassée de nos mémoires par les
nouvelles urgences de l’actualité. Les Américains ont effacé les Russes.
Pourtant, de trop nombreux jeunes gens ont payé de leur vie cette inutile
monstruosité. Svetlana Alexievitch sait se mettre à l’écoute de tous ceux
qui veulent lui parler de “cela”, librement, anonymement. Elle branche son
magnétophone et elle capte des voix…
… de tous ces témoignages, je n’ai gardé que quelques voix de femmes : mères
perdant leurs fils, veuves de soldats, infirmières sur le front. La guerre aura
ici un visage de femme. Je confierai ces cinquante pages à trois comédiennes :
Christine Brücher, Océane Mozas, Stéphanie Schwartzbrod.
Trois femmes parlent. Trois femmes ou trois cents femmes ou une femme déchirée
en trois par la folie du monde. Elles se confient à voix basse. Leur narration
est à la fois épique et intime : leur voix est à portée de main. Chaque
fois, c’est le même récit et chaque fois un autre, car “une guerre ne fait
pas cent mille morts mais cent mille fois une mort.” Chacune de leurs paroles
prépare le retour de l’enfant, du mari, de celui qui n’a pas pu mourir
ainsi, pour rien. Elles l’attendent toujours car le théâtre attend les
morts.
Ces récits, souvent poignants, ne se referment pas sur de la tristesse. Le
“travail de deuil” s’accompagne d’un “travail de libération”. Le
bois de la langue craque, les rhétoriques officielles se lézardent. Les mères
de soldats parlent, les mensonges, aussi verrouillés que les cercueils de zinc,
explosent. Quelques années après la défaite de l’Armée Rouge, le régime
soviétique s’effondre brutalement. Ironie de l’histoire, Svetlana
Alexievitch avait redonné tout son sens à la devise du journal La Pravda :
“la vérité vaincra”.
Jacques Nichet
Svetlana Alexievitch
Svetlana Alexievitch vit à Minsk (Biélorussie). Son travail exceptionnel - et
dérangeant - d'investigation, particulièrement remarqué tant en France qu'à
l'étranger, dans Les Cercueils de zinc, lui a valu d'être l'objet de violentes
attaques dans son pays et même d'être poursuivie en justice.
Diplômée de la faculté de journalisme de Minsk, Svetlana Alexievitch a
commencé sa carrière dans un journal local. Très tôt, elle affûte sa méthode
: attentive au son des voix, aux paroles vivantes, elle développe l'interview
comme instrument de travail. Ces voix humaines, sensibles, particulières,
recueillies au fil des quinze dernières années en Russie, composent
aujourd'hui l'un des plus bouleversants témoignages de l'histoire et de la mémoire
d'un peuple.
Depuis l'ouverture permise par la perestroïka dans les années quatre-vingt,
elle mène en effet un inlassable travail de fouilles au cœur des récents
traumatismes de l'histoire soviétique, occultés par le régime, voire refoulés,
enfouis par les victimes elles-mêmes. "Nous n'avons pas d'autre choix,
dit-elle. Soit nous ferons preuve de courage et apprendrons toute la vérité
sur nous-mêmes, soit nous resterons à croupir dans les oubliettes de
l'Histoire."
Après Les Cercueils de zinc, publié en 1990, elle prolonge cette quête de vérité
en recueillant les témoignages ou les traces de ceux et celles qui n'ont pas
voulu survivre, moralement ou physiquement, à l'effondrement du communisme.
Ensorcelés par la mort, paru en 1995, retrace de manière bouleversante la tragédie
des "enfants du socialisme". Dans son dernier ouvrage paru, La
Supplication, elle retourne sur les lieux de la catastrophe de Tchernobyl, écoutant
les voix, inouïes, de ceux qui ont vécu l'apocalypse.
Bibliographie
Les Cercueils de zinc, Christian Bourgois Editeur, réédition enrichie, 2002.
Ensorcelés par la mort, Plon, 1995.
La Supplication, Editions Jean-Claude Lattès, 1998.
Jacques Nichet
En 1964, Jacques Nichet fonde une troupe à l'Ecole Normale Supérieure qui
prend le nom de Théâtre de l'Aquarium. En 1970 l'aventure professionnelle
commence et en 1972 le collectif d'une quinzaine d'artistes (parmi lesquels se
trouvent Jean-Louis Benoît et Didier Bezace) s'installe à la Cartoucherie de
Vincennes sur l'invitation d'Ariane Mnouchkine. Tous ensemble, ils veulent
inventer un théâtre politique à la fois joyeux et expérimental, toujours à
la recherche d'un nouveau langage.
Christine Brücher
Elève du Conservatoire national d'Art Dramatique, elle a travaillé au théâtre
sous la direction de Michel Dezoteux (Anathème d'après Stanislaw Wyspianski),
de Jean-Michel Desprats (Georges Dandin de Molière), de Jacques Kraemer (Les
Histoires d'Oncle Jacob), de Pierre Dios et Jean-Loup Wolff (La Nuit va si bien
aux défigurés de Barbey d'Aurevilly), de Edmond Tamiz (Douce de Fédor Dostoïevski),
de Daniel Romand (Belle famille de Victor Haïm et La Ménagerie de verre de
Tenessee Williams), de Tilly (Minuit Chrétien), d'Anne-Marie Lazarini (Le Deuil
éclatant du bonheur d'après Katherine Mansfield), de Catherine Dasté (Hamlet
de William Shakespeare), de Charles Tordjman (La Nuit des rois de William
Shakespeare et Vie de Myriam C. de François Bon), de Elisabeth Chailloux (Les
Fruits d'or de Nathalie Sarraute), de Laurent Pelly (Talking Heads d'Alan
Bennett et En Caravane d'après Elisabeth von Amin). Elle a déjà travaillé
avec Jacques Nichet sur Le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès.
Au cinéma, elle a tourné sous la direction de Robert Guédigian (Dieu vomit
les tièdes, La Ville est tranquille, A l'Attaque, A la Place du cœur,), Bruno
Gantillon (L'Intruse), Dominik Moll (Intimité), Michel Deville (La Maladie de
Sachs), Olivier Dahan (Déjà mort)…
A la télévision, elle a joué sous la direction de Claude Goretta, Fabrice
Cazeneuve, Edouard Niermans, Arnaud Sélignac, Marco Pico…
Océane Mosas
Après une formation à l'Ecole de la rue Blanche (ENSATT), elle entre au
Conservatoire National d'Art Dramatique.
Au Théâtre, elle joue sous la direction de Jacques Rebotier dans Les
Ouvertures sont, de Laurent Laffargue dans Terminus de Daniel Keene et La Fausse
suivante de Marivaux, de Jacques Osinski dans Léonce et Léna de Georg Büchner,
et de Jacques Lassalle dans Tout comme il faut de Luigi Pirandello et dans
L'Homme difficile de Hugo von Hofmannsthal, de Christophe Rauck dans La Nuit des
rois de William Shakespeare.
Elle joue de nombreuses fois sous la direction de Joël Jouanneau (L'Idiot de Fédor
Dostoïevski, Le Rayon vert et Par les villages de Peter Handke, Rimmel,
Gouaches, et Les Reines, de Norman Chaurette - spectacle pour lequel elle est
nominée aux Molières 1998 dans la catégorie Révélation théâtrale féminine).
Au cinéma, elle tourne avec Stéphane Giusti dans Bella Ciao et, à la télévision,
avec Maurice Frydland dans Louis et le manège.
Stéphanie Schwartzbrod
Elle suit les cours du Conservatoire d'Art Dramatique de Grenoble, puis l'Ecole
du Théâtre de Chaillot avec Antoine Vitez, et enfin le Conservatoire national
d'Art Dramatique.
Au théâtre, elle joue notamment sous la direction de Michel Didym et Charles
Berling dans Succubation d'incube d'après les surréalistes, de Alain Ollivier
dans A Propos de neige fondue de Fédor Dostoïevski, de Alfredo Arias dans Les
Escaliers du Sacré-Cœur de Copi, de François Rancillac dans Ondine de Jean
Giraudoux, de Stanislas Nordey dans Bête de style de Pier Paolo Pasolini, et La
Légende de Siegfried de Stanislas Nordey, de Gilbert Rouvière dans La Dispute
de Marivaux, de Bernard Sobel dans Three Penny Lear de William Shakespeare, de
Stuart Seide dans Henri IV de William Shakeseare, de Jean-Pol Dubois dans La
Commune, d'Yves Beaunesne dans Un Mois à la campagne de Yvan Tourgueniev, de
Laure Callamy dans Une Vie Bouleversée d'Etty Hellesumde, de Frédéric Fisbach
dans L'Annonce faite à Marie de Paul Claudel et dans Tokyo notes d'Oriza Hirata,
de Olivier Werner dans Les Revenants de Henrik Ibsen, de Arthur Nauziciel dans
Le Malade imaginaire de Molière et de Jacques Nichet dans Casimir et Caroline
d'Odon von Horvath.
Elle tourne au cinéma sous la direction de Jacques Rivette (Haut bas fragile)
et Luc Pagès (A +Pollux).
Théâtre de la Commune
Centre Dramatique National d'Aubervilliers
2 rue Edouard Poisson - BP 157 - F 93304 Aubervilliers cedex
tél.: 01 48 33 93 93.
- dramaturgie Sophie Picon, Gérard Lieber · scénographie Jean Haas ·
costumes Jean Haas, Nathalie Trouvé · assistants mise en scène Célie
Pauthe, Jean Haas · lumières Celso Domeque · son Bernard Vallery · chant
Anne Fischer · conception image Jean-Christophe Aubert
- production TNT- Théâtre National de Toulouse Midi Pyrénées
Le spectacle sera créé au TNT le 14 janvier 2003
Les Cercueils de zinc sont publiés par Christian Bourgois Editeur.
- Equipe technique du Théâtre de la Commune : directeur technique Bernard
Estève · régie générale Serge Serrano · régie lumière Eric Blévin
· chef électricien Siegfried July
- Samedi 1er mars à l'issue de la représentation (vers 22h30)
Rencontre avec Svetlana Alexievitch
En présence de Jacques Nichet, metteur en scène.

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