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Exposition ’Rodtchenko, la révolution ’russe’ dans l’oeil’ Du 20 juin au 16 septembre 2007 Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente, en collaboration avec la Maison de la photographie de Moscou, une rétrospective de l’œuvre photographique d’Alexandre Rodtchenko (1891-1956), figure emblématique de l’avant-garde soviétique révolutionnaire.
Avec environ trois cents œuvres originales d’époque dont une trentaine de photomontages, cette exposition retrace le parcours exceptionnel d’un artiste qui abandonna en 1921 la peinture, considérée comme « périmée », au profit du photomontage puis de la photographie, médium qu’il considérait comme plus représentatif de la modernité. Il élabora un style photographique composé de contrastes, de perspectives, de lumière et de formes, de « raccourcis qui ne sont possibles ni en peinture, ni en dessin », avec pour seul dessein « d’effectuer une révolution dans notre pensée visuelle ». Il donna ainsi à l’histoire de la photographie des images célèbres, comme le Pionnier jouant de la trompette (1930), L’Escalier (1930), ou encore La Jeune Femme au Leica (1934). L’exposition s’ouvre sur une salle représentative des travaux de l’artiste avant son abandon de la peinture au profit de la photographie : quelques peintures fondamentales en provenance des collections publiques et privées russes ainsi que des mobiles et des constructions en bois empruntés à la famille de l’artiste, permettront de faire le lien entre son œuvre constructiviste, axée sur la ligne et la couleur pures et la structure de ses compositions photographiques. L’exposition s’articule ensuite autour de plusieurs thèmes : le photomontage, la photographie expérimentale, le portrait et le reportage, notamment sur les défilés sportifs et militaires, les grands travaux de « L’URSS en construction », les prises de vue de Moscou, et les dernières œuvres : paysages et photographies de cirque et du Bolchoï. Pour la plupart jamais exposées en Europe, les œuvres de cette exposition seront déployées sur plus de mille mètres carrés dans les salles du musée. La scénographie est confiée à Patrick Jouin, designer et architecte. Commissariat à Moscou : Olga Sviblova, Directrice de la Maison de la Photographie de Moscou Musée d’Art moderne de la Ville de Paris Dans les premiers temps de sa carrière, Alexandre Rodtchenko est artiste plasticien : peintre, il réalise également mobiles et maquettes. Peu d’oeuvres de cette première période sont présentées, pour la plupart reconstituées par les ateliers du musée. On est d’emblée saisi par sa vision graphique, basée sur des formes géométriques simples. Dès les années 1920 il se passionne pour le photomontage, que les Dadas viennent d’inventer : couvertures de revue ou de livres pour enfants sont empreints de surréalisme, on est dans l’abstraction totale, mais il travaille alors sur les photos des autres. Il viendra au figuratif avec ses propres photos, principalement portraits et photos de rue. Quel que soit le cliché, on sent que la composition graphique a autant d’importance que le sujet lui-même, si ce n’est plus. En 1925, il a alors 34 ans, il fait un unique voyage hors de Russie. Il passe trois mois à Paris, à l’Exposition internationale d’Art déco. C’est à cette époque que sa photo devient résolument moderne. Il trouve le moyen de conjuguer photo et graphisme, notamment en utilisant la contre-plongée et se concentre sur les arbres, les immeubles, les pylônes… A la charnière des années 1930, il devient un photographe officiel du régime - comme tout le monde, il n’a pas le choix : ses photos restent graphique mais ses cadres s’élargissent, afin par exemple de pouvoir montrer la ville et ses bâtiments officiels (Album du Moscou commerçant au Moscou socialiste, 1932). Les personnages deviennent des traits ou des points (L’escalier, L’orchestre…). Il pratique de plus en plus le photoreportage pour la propagande officielle (L’URSS en construction) : usines, événements sportifs, défilés et autres photos de foules (Les pionnières). Mais Rodtchenko n’a que peu d’intérêt pour le régime, l’art reste son principal centre d’intérêt : outre la photographie expérimentale, il fait beaucoup d’édition : typographie, mise en page de ses propres photos, affiches et couvertures pour des magazine d’arts graphiques (Le Front gauche de l’Art)… C’est dans cette section de l’expo que son talent précurseur est le plus évident. A la fin de sa vie, il revient à une photo plus artistique (flous, sujets plus personnels) et à une peinture plus abstraite. On apprend en fin d’expo qu’il réalisa également des costumes et des décors. La quantité de pièces présentées, plus de 300, immerge le visiteur dans un univers historique réaliste : on est dans la Russie de l’entre-deux-guerres. Moscou foisonne de talents entre les réalisateurs (on y inventera le montage), les écrivains, les poètes ou les photographes. Tout ce monde se connaît et l’émulation est à son comble. Rodtchenko, comme Dziga Vertov, symbolise le passage à la modernité. Puis ce sera la chape de plomb du stalinisme. Dans la même rubrique :
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